vendredi 1 février 2013

LES TABLETTES N°6 - DÉCEMBRE 1911

LES TABLETTES
N°6 (Décembre 1911)
[Date de publication : Décembre 1911 - Couverture : Titre, Épigraphe (citation d'Albert Fleury : "Je pense que, de tout, et de la Douleur même, nous avons l'irrémissible devoir d’extraire de la splendeur pour nos frères futurs."), Sommaire, Fleuron, Série ("Deuxième Série"), Numéro, Date, Prix, Adresse de la Direction - 2e de couverture : Le numéro 7 des TABLETTES / sera entièrement consacré à / ALBERT FLEURY / Il contiendra des études, poèmes, etc., / relatifs à son œuvre. Il sera orné d'un / portrait du poète et d'un fac-simile de / son écriture, et complété par un choix / de poèmes et de proses, et par quelques / pages posthumes." ; Abonnements ("L'abonnement est de dix numéros formant deux séries de cinq numéros, dont chacune représente un volume de 250 pages environ. / La publication des fascicules n'est pas régulière et la durée du service de l'abonnement n'est pas limitée.") ; Prix de l'Abonnement - 3e de couverture : Œuvres d'Albert Fleury (liste) ; "On trouve Les Tablettes, à Paris : Rive gauche : chez Bénard, galeries de l'Odéon ; Rive droite : chez Stock, 155, rue Saint-Honoré, près le Théâtre-Français ; Avis : "Il nous reste quelques collections de la première Série des Tablettes. / Nous les réservons aux personnes qui auront souscrit un abonnement de deux Séries avant le 1er Février 1912. / Aucun numéro de la première Série ne sera envoyé comme spécimen. / A partir du présent numéro, nous limitons le Service à nos collaborateurs et à nos amis, aux groupements et aux revues qui nous ont assuré l'échange." - 4e de couverture : Titre, Sous-titre ("Revue littéraire absolument indépendante"), Fondateur, Rédaction, Présentation ("Les Tablettes ne sont l'organe d'aucun Groupe, d'aucune École littéraire. Elle ne relèvent d'aucune formule, et tendent seulement à être une Revue d'Art pur et de Beauté. Toutes les idées, toutes les opinions y sont accueillies pourvu qu'elles soient exprimées avec style et noblesse. / Les Tablettes ne publient que de l'inédit. / Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. / Chaque auteur est responsable de ses articles. / La reproduction et la traduction des matières publiées dans Les Tablettes sont réservées."), Mention ("Toutes les communications concernant Les Tablettes doivent être adressées à M. Camille SCHILTZ, 11bis, rue de Maubeuge, à Paris. / Les auteurs peuvent envoyer leurs ouvrages aux rédacteurs par qui ils veulent les voir critiqués.") - Page [1] : En-tête ("N° 6. - LES TABLETTES. - Décembre 1911") - Page 293 : Livres reçus (liste) - Bas de page 40 : Gérant, Imprimeur - Pagination : 40 pages]
Sommaire
La Rédaction : Albert Fleury [article encadré de noir] (p. [1]-4)
Fagus : La Danse macabre (fragment), poème (p. 5-8)

Georges Polti : Les saints inconnus : Reine Blanchard, nouvelle [A Fagus - en épigraphe, citation d'Edgar Allan Poe : "... Ou bien dire en termes simples une pensée inhabituelle..." - note de Camille Schiltz en pied de nouvelle (p. 18-19) : "Reine Blanchard devait paraître dans le troisième fascicule des Tablettes. J'en avais adressé le manuscrit à Albert Fleury, à une époque où ne le connaissant que par ses lettres admirables de foi et de courage, je ne pouvais me rendre compte de l'imprudence que je commettais. Ah ! si j'avais su !... Mais nous espérions quand même ; nous étions tous certains qu'il vivrait, et lui-même en exprimait le désir si ardemment que nous ne pouvions douter. - Le 9 avril, il m'écrivait ceci : "Sans la lire, du moment que vous me l'envoyiez, j'avais inséré la nouvelle de M. Polti. - Les épreuves m'arrivent ce matin, et pour corriger, il m'a bien fallu lire. Or, je ne puis pas publier une nouvelle comme celle-là. Comprenez-vous ? à cause de ma sœur et de la similitude entre la nouvelle et nous (elle et moi). Je ne puis vous donner de meilleure preuve de ma sincérité qu'en vous envoyant l'épreuve. La composition est faite, donc je la paierai. Vous ne pouvez, d'autre part, avoir de meilleur argument pour convaincre et ne pas froisser M. Polti, - en lui demandant autre chose. - Je suis peut-être absurde, mais vraiment non, je ne peux pas insérer cela. La valeur littéraire de la nouvelle n'est pas en cause. Et enfin vous me comprenez". Hélas ! oui, j'avais compris, - trop tard, certes, et je me reprochais amèrement de n'avoir pas su voir - avant - ce qui m'apparaissait alors et m'éblouissait jusqu'aux larmes... Je devais à la mémoire d'Albert Fleury, en publiant enfin, puisque aucun motif ne s'y oppose plus, les pages mystérieuses qu'on vient de lire, - de faire connaître ces circonstances qui le montrent tel qu'il fut et tel qu'il doit être désormais dans sa gloire."] (p. 9-19)

Cécile Périn : Verger, poème (p. 20)
[CHRONIQUES]
C[amille]. S[chiltz]., [Ernest] D[ufour]., H. Strentz, F. : Les Livres [La Science de l'Amour, J. Péladan (Messein, édit.) - signé D. (p. 21-22) ; Lectures et promenades, par Albert Heumann (E. Sansot et Cie, édit.) - signé F. (p. 22-23) ; Georges Périn : Les Rameurs (Grasset). - signé H. Strentz (p. 23-25) ; La Rouille, roman, par Emmanuel Bourcier (La Grande Revue, édit.) - signé C. S. (p. 25-26) ; Loïk, roman maritime, par Louis Alibert (H. Falque, édit.) - signé C. S. (p. 26-27) ; Deux romans de M. Maurice de la Perrière. - Le Jeu de l'Amour et de la Vie (Sansot, édit.), Une grande fête de charité (Jouve et Cie, édit.) - signé C. S. (p. 27-28)] (p. 21-28)
C[amille]. S[chiltz]. : Journaux & Revues [La presse qui prodigue son encre, qui la dépense en bordures de deuil, dès qu'il s'agit d'honorer les mémoires les plus contestables, pour peu que la mode les ait adoptées ; la presse qui ne se connaît plus devant les cercueils académiques et les cénotaphes les plus vides ; la presse qui ignorait Albert Fleury, - comme il était naturel qu'elle l'ignorât, - n'a pas daigné, à l'occasion de la mort de ce noble et pur poète, lui accorder l'hommage décent que nous attendions malgré tout. / Trois échos - dans Paris-Journal, l'Intransigeant et le Gil Blas - et c'est tout !... ; L'écho de Paris-Journal est dû à l'initiative de M. Maurice Beaubourg qui, n'écoutant que son cœur, voulait offrir beaucoup plus. Il paraît qu'on ne le lui permit pas... ; Quelques jours plus tard, Paris-Journal, qui est en coquetterie avec Francis Jammes, publiait de lui cette page émue... ; Les Treize de l'Intransigeant esquissèrent un portrait. On y peut relever quelques faux traits. Mais puisque ce n'est qu'une esquisse... ; M. Georges Pioch était pour Fleury un ami de vieille date. Il n'a pas voulu laisser partir le compagnon des premières luttes sans le saluer de la manière simple et digne qui nous émue en lisant ces lignes dans le Gil Blas... ; Les Revues, à l'exception du seul Mercure de France, sont muettes. Les Revues n'ont pas lu les journaux, ou si elles les ont lus, elles se sont souvenu qu'elles ne publient que de l'inédit. Pauvres Revues ! Dans son numéro du 1er novembre, le Mercure publie de M. Edmond Pilon, qui fut, lui aussi, un compagnon de jeunesse d'Albert Fleury, un court article d'une grande netteté, dont nous extrayons ces lignes... ; Dans le numéro suivant, nous trouvons enfin les paroles que nous attendions. Qu'il nous soit permis d'exprimer, ici, à celui qui les a prononcées, ces suprêmes et magiques paroles, toute notre reconnaissance, toute notre admiration pour la beauté, la rareté de la mission qu'il voulut remplir. Quand M. Maurice Beaubourg, qui ne le connaissait pas, qui n'avait jamais correspondu avec lui, écrivit à Albert Fleury à propos de ce poème que M. Edmond Pilon estime à si haut prix, il lui apporta la certitude qu'il avait atteint ces hauteurs mystérieuses accessibles seulement à quelques âmes élues...] (p. 29-40)
Document
"Journaux & Revues"
(extrait)
 Quelques jours plus tard, Paris-Journal, qui est en coquetterie avec Francis Jammes, publiait de lui cette page émue :

Il est difficile de témoigner de sa reconnaissance à un mort à qui on la doit. A un ennemi, c'est plus facile. Cependant, je préfère manquer à l'usage des lettres que de me taire tout à fait sur mon ami Albert Fleury, dont Paris-Journal a, l'un de ces derniers jours, annoncé la mort.
Maeterlinck a écrit quelque part que l'oeil est fait à l'image du soleil. Albert Fleury était fait à l'image de la douleur. C'est pourquoi, sur son lit d'agonie, il ressemblait au Christ.
Je ne l'ai connu que deux ans, mais je l'ai profondément aimé. Une lettre fort belle de Beaubourg fut l'un des suprêmes joies du poète. Cette lettre exprimait en termes excellents une admiration que d'autres témoigneront un peu tard à cette poésie lucide, sobre, bien française, et sœur un peu, vers la fin, de celle de Louis Le Cardonnel.
Toutes mes visites à Albert Fleury, durant ces deux années, se ressemblèrent, parce que je n'en retirai que du charme.
..................................................................................
Il me faisait l'éloge du cœur et du talent de Michel Abadie, et il avait raison.
Vers la fin de mes visites, son œil s'enflammait. Il ouvrait alors les poèmes de Charles Baudelaire ou ceux de Stéphanes Mallarmé. Comme il se prenait à tousser en lisant à haute voix, il me tendait le livre pour que je continuasse.
Sa sainte sœur l'observait avec une angoisse maternelle.
Sur une cheminée, Albert Fleury avait placé une toute petite chaise, et, sur cette chaise, cette inscription :
"La seule supériorité que je reconnaisse est la bonté." - BEETHOVEN.
Cet après-midi, en suivant la procession de la Fête-des-Morts, en compagnie de l'homme au cœur généreux qui me fit connaître Albert Fleury, je penserai à ce cher poète et à cette bonté qu'il eut.
FRANCIS JAMMES.
Orthez, 1er novembre 1911.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire