vendredi 4 mars 2011

LES GUÊPES N°7 - JUILLET 1909

LES GUÊPES
N°7 (Juillet 1909)
[Date de publication : Juillet 1909 - Couverture : imprimée en noir sur papier vert, 445 (référence à l'article 445 du Code d'instruction criminelle), Date, Titre, Périodicité, Épigraphe (citation des Guêpes d'Aristote : LE CHŒUR : Il n'est pas facile de m'adoucir, quand on ne parle pas dans mon sens.), Prix du N°, Dessin représentant une guêpe - 2e de couverture : Abonnement, Titre, Périodicité, "La Revue ne publie que de l'inédit. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits.", Fondateurs et Rédacteurs, Collaborateurs, "Ceux qui ne collaboreront pas. - MM. Jean Aicard, Maurice Bouchor, Gaston Deschamps, Auguste Dorchain, J. Ernest-Charles, René Ghil, Saint-Georges de Bouhélier, Fernand Gregh, Robert de Souza et Jean Royère", "Il sera rendu compte de tout volume adressé à l'un ou l'autre des chroniqueurs désignés ci-dessous : (La Littérature ... Henri Clouard, 3, rue Fustel-de-Coulanges (Ve), Paris. / La Poésie ... Armand Praviel, 9, rue du Sénéchal, Toulouse. / Les Romans ... L. du Charmeil, 1, place Saint-Jean, Valence. / La Politique ... Raoul Monier, 28, rue Notre-Dame, Valence. / Les Revues ... J.-M. Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme)), Titre (encadré de part et d'autre par "445"), "Adresser toutes les communications : Administration  (M. Louis du Charmeil, Place Saint-Jean, Valence (Drôme)), Rédaction (M. Jean-Marc Bernard, Saint-Rambert d'Albon (Drôme)). Pour Paris, secrétariat des "Guêpes" : M. Henri Clouard, 3, rue Fustel-de-Coulanges (Ve), le mardi, de 2 à 6 h."   - 3e de couverture : 445 (en note : Cet article du code d'instruction criminelle est en somme (notre modestie ne rougit pas de l'avouer) le meilleur article de notre revue. Aussi nous nous promettons de l'insérer douze fois par an)  - 4e de couverture : Encarts publicitaires (Grand Café Glacier, Rich Tavern / Société d'assurances mutuelles contre l'incendie de la Seine et de Seine-et-Oise / La Bicyclette parfaite est signée Terrot / Objets d'Art.- Henri Michelon / Lisez tous : L'Action Française / Grand Café de Valence et des Voyageurs / La France, compagnie d'assurances contre l'incendie... / Alimentation Générale ... / Le Courrier de la Presse / Gérance d'Immeubles) ; Hors Commerce / Pour paraître en novembre 1909, aux éditions des "GUÊPES" / INSTINCTS / Précédés de Danses et de Villes / Poèmes en prose de Francis Carco / Il sera tiré 10 volumes de luxe sur Hollande numérotés de 1 à 10 et paraphés par l'auteur au prix de Cent sous, / 30 volumes sur vélin extra numérotés de 11 à 30 au prix de 2 fr. 50. / Adresser le montant de la souscription à M. Jean-Marc BERNARD, directeur des Guêpes, à St-Rambert-d'Albon (Drôme) ; Les Guêpes sont en vente : A Valence : Librairie Monchaud ; A Paris : M. Blanchard, 4, boulevard Saint-André (6e), M. Bernard, 11, Galerie de l'Odéon (6e), et M. Rey, 8, boulevard des Italiens ; A Grenoble : M. de Vallée, place Victor Hugo. - Pagination : 16 pages]
Sommaire
Édouard Ducoté : La Fin de Lilliput, apologue [daté "1899"] (p. 105)
Francis Carco : Impressions, poème [A Mademoiselle Pétra Marchi - daté "Briançon, mars-avril 1909"] (p. 106-107)

Louis Thomas : Littérature (p. 107-108)

Abel Léger : Sonnet, poème (p. 109)

Jean-Marc Bernard : Mise au Point [en note : "A propos des articles de MM. Vielé-Griffin, Gide et Ghéon, Swinburne, Nationalisme et Littérature, Le classicisme et M. Moréas, parus dans la "Nouvelle Revue Française" des mois de juin et de juillet, - et de celui de M. Mithouard : La démolition de la cathédrale, publié par "L'Occident" de juin"] (p. 110-111)
Charles Callet : La Crypte (p. 112)

Francis Carco : Francis Eon [A propos du recueil Trois Années, poésies, 1905-1908. Édition du Divan] (p. 113-114)
Henri Clouard : La Littérature [Voici quelques lauriers cueillis pour des poètes. Ils nous sont envoyés par MM. Henri Martineau, A. de Bersaucourt, Armand Praviel et J.-R. de Brousse. [...] M. Martineau nous donne une analyse fort délicate du talent de son ami Francis Eon. [...] M. de Bersaucourt, qui nous envoie sa conférence sur Louis Le Cardonnel, se plait à réunir depuis quelque temps les bonnes raisons qu'il a d'aimer certains poètes vivants. [...] Dans leur Anthologie du Félibrige, Armand Praviel et J.-R. de Brousse ont groupé les morceaux choisis des grands poètes de la Renaissance méridionale au XIXe siècle. [...] La délicieuse plaquette [que Tancrède de Visan] vient de faire paraître à la bibliothèque de L'Occident, Colette et Bérénice, est un éloge subtil de la Sensibilité ! [...] Je dédierais volontiers ces réflexions à M. Jules Romains...] (p. 115-116)
J[ean].-M[arc]. B[ernard]., H[enri]. C[louard]., S.  : Notes [Dans notre prochain numéro, qui paraîtra le 15 octobre, nous donnerons un article de notre ami Eugène Marsan... ; Lire à la quatrième page de la couverture du présent numéro... ; Nous publierons dans nos prochains numéros des vers de MM. Jean Dorsal, Louis Thomas, Henri Bouvelet. Nous continuerons : Cailloux et Pralines, de Louis Lormel ; nous donnerons : La lettre d'Italie, de Frangipani ; une épigramme de N. Boileau-Despréaux ; Les Beuglants et Caboulots, de Francis Carco et les Dialogues des Armateurs, de Raymond de Gourmy ;  "Le bonhomme Chrysale", dans Les Annales du 30 mai, consacre à Meredith, une chronique de 189 lignes, dont 60 environ sont originales, 9 adaptées et 120 textuellement copiées dans Spicilège de Marcel Schwob... ; René Dumaine, feuilletant le livre dormitif de M. A. Belval-Delahaye : La Chanson du bronze, tombe en arrêt devant ce vers... ; Pour paraître le 1er septembre 1909, à Lyon, chez A. Rey, 4, rue Gentil, EΠΟΣ, pages d'art, de littérature et de critique, rédacteur en chef, M. G.-J. Gros ; Le concours des "GUÊPES". Les lecteurs et abonnés désirant prendre part au concours devront se procurer le livre de M. Louis Dumont : De l'Ombre et de la Solitude, édité par "le Beffroi". Au fur et à mesure qu'ils liront ces 72 sonnets, ils devront souligner les 100 substantifs suivants (...). Le vainqueur recevra la somme de 445 centimes et les œuvres complètes de Jean Royère et Jean Aicard, nos deux Jean-Jean nationaux ; A propos de la Bourse nationale de voyage littéraire : Nous apprenons avec plaisir que le livre de notre ami T. de Visan : Lettres à l'Élue, "a été compris parmi ceux qui ont été retenus, après première lecture, sur les conclusions des rapporteurs" - signés J.-M. B (p. 117-118) ; Les chemises d'une doctrine. - Nous recommandons aux curieux la petite revue des Entretiens Idéalistes. Chacun de ses cahiers mensuels peut être lu comme un manuel d'anarchie... - signé H. C. (p. 119) ; Après la conférence que M. Julien Ochsé tint cet hiver, au Théâtre des Arts, l'un de nos amis déclara dans un cercle : - Je l'ai enfin vu ce Royère. Il était là, l'épaule bien bourrée pour paraître bel homme et le cheveu long sur la nuque, autour du crâne chauve. Solennel. Grotesque de la tête aux pieds. Vous ne l'avez pas bien regardé : c'est un chinois. Quand il est assis, son veston prend même un air de robe : il est inconsistant (je parle du veston), il flotte et bâille autour du cou. - Un peu d'équité, messieurs, s'il vous plaît, interrompit quelqu'un. Quand on est le veston de M. Royère, on peut bien bâiller. - signé S. (p. 119)] (p. 117-119)
René Dumaine : Clowneries, épigrammes [dédiées "A toi, Willy" - 1 : Sur Bocquet et Gide ; 2 : Sur L'Échelle de Poinsot et Normandy] (p. [120])
Document
"Mise au Point"
Assez ! Assez ! Quand donc nos adversaires auront-ils fini de traduire par imitation des Anciens notre désir de discipline ?

Qu'un Jean Royère, par exemple, s'imagine, lorsqu'il nous entend parler de classicisme, que nous demandons des pastiches de Virgile ou de Racine, rien de plus naturel ! Mais que MM. Ghéon, Gide ou Griffin se permettent pareille affirmation, qu'en faut-il conclure ? Rien - sinon qu'ils ferment les yeux pour ne pas voir.

Nous entendons par classicisme : l'adoption nécessaire d'une méthode de penser et de travailler, capable de soutenir, diriger et universaliser notre personnalité et nos instincts. Que diable ! il n'y a pas là imitation ! L'individualiste, d'ailleurs, n'imite-t-il donc rien, lui qui ne veut son œuvre que conforme à lui-même ? Or, s'il est dispensé de toute culture, dépouillé de toute tradition, afin de retourner au vague état d'innocence et de barbarie indispensable à l'intégrité de son individualisme, il ne pourra, dans son œuvre, exprimer autre chose que le chaos et le néant.

Vous nous direz : - Avant d'édifier son livre, l'individu doit, par l'étude, la comparaison des maîtres et l'apprentissage de la vie (c'est-à-dire la culture et l'expérience), se composer une matière littéraire. Mais alors il n'est déjà plus lui-même ; cherchant à se hausser jusqu'à une individualité idéale, représentative, il devient forcément un "type humain". En se prenant pour modèle, il crée, malgré lui, quelque chose de classique. A cette seule condition, nous semble-t-il, on peut cesser de faire une œuvre objective et se permettre de chercher à réaliser un lyrisme subjectif.

Mais si nous reconnaissons avec M. Ghéon - et nous y sommes bien obligés - que "l'art littéraire a pu réaliser son maximum de perfection et d'équilibre sous Louis XIV", nous devons conclure que le classicisme est le sommet de nos Lettres françaises. Une seconde conclusion, fatale celle-là, s'impose : c'est qu'il n'y a pas deux points littéraires de la même hauteur dans l'histoire d'une langue. Nous sommes donc condamnés à ne plus pouvoir dépasser le XVIIe siècle. Nous n'écrirons plus désormais que quelques belles pièces d'anthologie. A une autre littérature de devenir classique, de reprendre, de poursuivre et développer l'œuvre d'Athènes.

Sachons alors mourir dignement. Que nos derniers ouvrages aient au moins l'apparence de la solidité et de la proportion. Pour cela, avant de nous mettre à construire, retournons un instant nous retremper dans nos sources, qui sont grecques et latines. Personne ne le nie : pas plus M. Griffin que M. Gide ou M. Ghéon. M. Mithouard, lui-même, reconnaît que cet humanisme : "ce fut la condition de notre pensée moderne". Toutefois, il aimerait nous persuader que cette notion, une fois acquise, "nous nous sommes bien gardés de nous en dessaisir". Il semble vraiment oublier que l'ouragan romantique a déraciné cette conception dans les cerveaux les plus résistants. Qu'il nous permette donc de la replanter.

Disons-le, une fois pour toutes : nous ne voulons pas plus démolir la cathédrale que disperser au vent les cendres de Wagner. Cette besogne sacrilège et ridicule, laissons-la aux futuristes ! Nous ne prétendons rien abandonner du classicisme ni du romantisme. L'un et l'autre, nous les avons dans la peau, dans le sang. Mais nous les voulons à leur place. Le romantisme n'est pas autre chose qu'un élément littéraire, le classicisme est un principe.

Ah ! ça, mais ne serions-nous pas d'accord ?
JEAN-MARC BERNARD.

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